Nous allons tous mourir, mais dis-nous plutôt quelque chose qu’on ignore: une critique de “Déni cosmique” (2021)

Traduit en français par Anthony Fikry, Ethan Acheson et Kari Beesoon.

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« La destruction de la planète entière n’est pas censée d’être amusante quand même ».

Cette phrase, prononcée par le personnage de Jennifer Lawrence dans le film à succès sur Netflix, est involontairement ironique. La comédie réalisée en 2021 par Adam McKay dépeint de manière humoristique l’absence d’efforts pour sauver la terre, offrant au public cette intrigue et rien d’autre.

Par conséquent, la satire de McKay concernant le caractère superficiel de la société s’appuie trop sur un casting prestigieux et sur des caricatures, devenant ainsi ce dont le film se moquait.

Le film prend un ton d’urgence créé par un doctorant du nom de Kate (Jennifer Lawrence), qui découvre une comète se dirigeant vers la terre. Son professeur, le Dr Mindy (Leonardo Dicaprio), calcule que cela causera une extinction de toute la planète en six mois. La plupart des scènes dépeignent ces deux personnages en train d’avertir un public imperturbable, la présidente des États-Unis (Meryl Streep) qui donne sa réponse hilarante de « s’asseoir confortablement sur les fesses», des animateurs d’émissions matinales (Cate Blanchett et Tyler Perry) qui prennent la situation à la légère, etc.

Ce n’est pas avant que la présidente se retrouve dans un scandale que son administration élabore un plan de détournement impliquant une comète pour sauver son image. Cette mission est annulée quand un milliardaire excentrique, joué par Mark Rylance avec une précision troublante et étonnante, conseille la Maison-Blanche de profiter des éléments rares de la comète. Pendant ce temps, certaines personnes sont convaincues que la comète est un canular et les réseaux sociaux sont inondés de mèmes se moquant de Kate. 

La véritable erreur de McKay dans la réalisation de ce film est d’avoir rassemblé les plus grands acteurs qu’il pouvait trouver, au lieu de développer ses personnages. S’il avait fait cela, le film aurait fait un écho auprès des spectateurs non seulement comme une compilation de scènes drôles, mais réalistes ou exagérées, dépendant de leurs croyances sociales.

Après tout, le concept est d’actualité, car il dresse des parallèles avec la vraie vie tels que des compagnies qui détruisent l’environnement pour réaliser un profit et l’allégation de Trump tristement célèbre que le changement climatique est un canular perpétré par le gouvernement chinois. Ce que McKay omet de considérer est que ces sujets, parallèlement avec des idées similaires, ont déjà été trop abordés sans fin par les grands médias.

Le grand public est parfaitement conscient de la cupidité qui motive les 1% et des fossés qui fragmentent le peuple lors d’une catastrophe: le mouvement anti-vaccination, par exemple, est omniprésent. Quelles contributions Déni cosmique apporte-t-il à la conversation? Quelles sont les réalités présentes dans le film qu’un spectateur ordinaire ne connaît pas encore?

Pour révéler l’intrigue, aucune. Les vilains du film, de la présidente aux PDG de fortune, sont tous des personnages peu complexes qui servent l’unique objectif de mettre en colère ou d’amuser les spectateurs. Ce sont certainement des représentations justes, mais il n’y a aucun aperçu de leurs motivations autres que la cupidité. Si McKay avait exploré la tendance de l’élite à se considérer comme invincible —- ou le réconfort que certaines personnes trouvent dans le déni —- au-delà des chutes de la blague, son travail aurait alors donné matière à réflexion.

Puisqu’il utilise seulement des portraits superficiels, le film apparaît comme une attaque contre les équivalents réels de ses vilains. Cette offensive, même justifiée, a peu de chances de susciter une réflexion sur les fautes de ces corrompus, étant plutôt susceptible de provoquer une attitude défensive. Comment peut-on surmonter les divisions et amener des gens ignorants à faire des changements si nous ne faisons pas preuve de compréhension?

Selon McKay, cette division est délibérée: « Je pense vraiment que c’est très bon que les gens doivent combattre et être passionnés [du film]. »  Bien que le film soit divertissant, les débats sur Déni cosmique alimentent des conflits entre divers groupes sociaux, ce qui écarte la possibilité de progrès réels. 

Ce film humanise les personnages qui croient que la comète est réelle; Kate est la voix de la raison, le Dr Mindy est un homme souffrant d’anxiété sociale dont les valeurs faiblissent et que DiCaprio interprète parfaitement et Yule (Timothée Chalamet) est un skateur aimable qui offre du confort.

Puisque le film ne donne pas la même profondeur aux personnages niant la réalité de la comète et aux personnages égoïstes, le film tourne simplement le projecteur sur la sottise déjà visible des négateurs de science, sur les personnalités politiques et les gens riches. 
Déni cosmique est un portrait élémentaire et caricatural de problèmes complexes, qui risque le danger de devenir simplement un autre film banal à visionner pour rire.

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