Laurier célèbre le Mois du patrimoine musulman dans l’espoir de promouvoir un campus accueillant pour les élèves musulmans

Traduit en français par Alexanne Wingert, Angélique Guérin et Ko Eun Um.

Photo by Darien Funk

L’Université Wilfrid Laurier offre de nombreux événements pour mettre en valeur les Musulmans de notre campus et pour leur rendre hommage lors du Mois du patrimoine musulman.

« C’est une occasion parfaite de créer et de promouvoir un campus inclusif pour les étudiants, ainsi que pour les membres de la faculté et du personnel, » dit Selda Sezen, aumônière musulmane et membre de la faculté à Laurier. 

« Je crois que reconnaître la diversité et promouvoir l’inclusivité créent une grande différence dans la vie des membres de la communauté musulmane sur le campus. »

Madame Sezen explique que cela donne à toute la communauté la chance de se rassembler et de se rapprocher afin que chacun puisse mieux coexister avec les autres. 

Sezen explique que la grande et diverse communauté musulmane à Laurier inclut des personnes de différentes origines historiques, ethniques, culturelles et linguistiques ; et que cette communauté englobe aussi de différents secteurs et dénominations de l’Islam. 

C’est un vrai parcours d’être musulman sur le campus : il faut essayer de s’intégrer dans la communauté musulmane, ce qui demande de l’intraconfession et qui nécessite aussi un lien avec la communauté collective et avec celle multireligieuse, ce qui exige aussi un dialogue interreligieux. 

Un des événements présentés par Sezen ce mois-ci est la « Compréhension et la dissolution de l’islamophobie dans les milieux de l’éducation et de la recherche, » un atelier qui porte sur l’impact de l’islamophobie sur les musulmans à Laurier.  

« L’islamophobie a un effet important sur l’expérience des étudiants, des membres de la faculté et du personnel sur le campus, notamment en ce qui concerne leur santé mentale, leur bien-être social, leur participation sur le campus et aussi leur performance académique. » dit-elle. 

La majorité des étudiants sur le campus ont entre 18 et 25 ans, ce qui est une période importante de leur développement ; Sezen ajoute aussi que l’islamophobie a un effet sur le développement de leur identité lors de cette période. 

« Lorsqu’ils sont victimes de gestes islamophobes ou antimusulmans, d’intolérance ou de micro-agressions quotidiennes, leur compréhension de leur conscience de soi, de leur identité, c’est-à-dire leur estime, leur confiance et leur validation de soi, sont alors aussi impactées. Ils perdent ainsi leur rapport avec eux-mêmes, créant une compréhension déformée de soi, » dit-elle.

Les minorités visibles, telles que celles qui portent un voile, ont de la difficulté à se créer une identité et un sens d’individualité, car elles sont considérées comme représentantes de l’Islam sur le campus, subissant alors beaucoup de pression qui les mène à la solitude et à l’isolation.

Ces problèmes d’estime de soi ont des conséquences négatives dans tous les domaines de la vie, notamment le bien-être social, émotionnel et académique.

« Il y a un effet “boule de neige” lorsqu’une personne perd son rapport avec soi-même, et puis son rapport avec sa communauté. »

L’islamophobie peut même causer une dépression, de l’anxiété, des changements d’humeur, des troubles du sommeil, des troubles alimentaires, des toxicomanies, ou bien des troubles liés au stress. 

«[L’islamophobie peut aussi susciter] des problèmes de fonctionnement cérébral dans le cortex préfrontal qui provoquent des troubles de concentration et de compréhension. Elle peut même causer des troubles d’apprentissage » explique Sezen

Le résultat est donc un déséquilibre émotionnel et un manque de confiance en soi qui peut aggraver des traumatismes et redonner surface à certaines expériences négatives vécues pendant l’enfance.

Elle explique que les sentiments antimusulmans déclenchent une perte de contrôle dans les relations avec les autres.

« Ce sentiment de perte de contrôle nous pousse à être dominants dans les domaines où nous avons toujours eu le contrôle, suscitant des troubles obsessionnels-compulsifs » dit-elle.

« Tous ces effets de [l’islamophobie] au niveau personnel, envers l’identité, et envers le bien-être social ont des conséquences importantes sur la performance et la réussite scolaires. »

Une mauvaise estime de soi crée des doutes et même une perte de contrôle sur des objectifs personnels, diminuant l’intérêt des étudiants envers le travail scolaire, augmentant aussi l’anxiété.

Sezen explique que le fait d’être témoin de crimes haineux en Ontario, tels que l’attaque à London cet été, peut nuire au sentiment de sécurité et d’appartenance des étudiants musulmans.

« Le fait d’avoir une communauté solidaire, accueillante et attentive à Laurier fait preuve de solidarité et indique que [les musulmans] sont des membres importants de notre communauté. Tout cela exprime la paix et de l’amour, que ce soit entre les étudiants, les membres du personnel ou les membres de la faculté qui se soutiennent entre eux. » dit Sezen.

Une inclusivité superficielle doit également être reconnue et évitée sur le campus. Sezen explique que l’inclusion symbolique des musulmans dans les photos de l’université crée un niveau d’importance et souligne l’inclusion de façon plus profitable pour notre communauté.

« Le soutien des pairs, le mentorat et les espaces sûrs pour la guérison collective à Laurier sont des opportunités qui aideront les étudiants qui ont subi l’islamophobie quotidienne sur le campus. » dit Sezen

Elle souligne l’importance de bien connaître les diverses religions afin de s’engager dans les domaines de recherche et d’étude, d’avoir une approche holistique pour valider l’idée de communauté, évitant alors une vision étroite des musulmans. 

« Le rôle des membres du personnel et de la faculté commencent par ces éléments : reconnaître les symptômes et l’impact des mots et des actions islamophobes envers la communauté musulmane sur le campus, prendre avantage du Mois du patrimoine musulman pour accueillir, comprendre et subvenir aux besoins des membres de la communauté et avoir un campus plus agréable et paisible pour finalement créer un environnement sain pour ces derniers. »

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