Quatre artistes féminines francophones et autochtones à découvrir à l’occasion de la Journée de la vérité et de la réconciliation au Canada 

Le 30 sept. marque la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation au Canada. Cette journée nous rappelle de réfléchir à l’histoire tragique des pensionnats et de rendre hommage aux survivants et à leurs familles. En l’honneur de cette journée, voici quatre artistes féminines francophones et autochtones qui font vivre leur culture. 

Melissa Mollen Dupuis 

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Reconnue pour son rôle dans la section québécoise du mouvement Idle No More, Melissa Mollen Dupuis est aussi réalisatrice et animatrice. Elle vient de la Côte-Nord du Québec de la communauté innue de Mingan (ou Ekuanitshit). Elle cumule les fonctions dans la fondation du Québec Artistes Autochtones, Wapikoni Mobile, dans l’émission de radio Kuei! Kwe! Sur Radio-Canada et dans le podcast Parole Autochtone sur Spotify. 

Dans Parole Autochtone, elle aborde une multitude de sujets liés à la vie quotidienne des personnes Premières Nations, Métis, et Inuit au Canada. Les épisodes sont courts mais plein d’informations sur des questions politiques, sur la stérilisation forcée des femmes Autochtones et sur le partage des ressources naturelles. Dupuis est aussi sur Radio-Canada avec une émission hebdomadaire Kuei! Kwe!, qui cherche à promouvoir le talent et l’audace des Autochtones au Québec comme la poétesse Marie-Andrée Gill et le musicien Michel Canapé

Une véritable militante autochtone au Québec, Dupuis a reçu les honneurs du Prix Ambassadeur de la Conscience d’Amnesty International en 2017.  

Shina Novalinga 

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Née au nord du Québec dans la communauté inuit de Puvirnituq, Shina Novalinga est un phénomène sur les tribunes Tik Tok et Instagram. En tant que jeune femme autochtone et francophone, Shina utilise les médias sociaux comme moyen d’éduquer ses abonnés sur sa culture inuit. Elle a commencé à partager les vidéos en 2020. Dans la plus populaire, elle exécute une pratique traditionnelle du chant de gorge avec sa mère.  

Le chant à gorge, ou katajjaq en inuktitut est une tradition des femmes inuit où deux femmes se font face et émettent en alternance des sons contrôlés par leur respiration. 

Avec environ quatre millions d’abonnés, Shina explique en interview avec enRoute : « j’ai l’impression que nos voix, la mienne, celle de ma mère et celle de notre peuple, sont enfin entendues. Nous voulons chanter pour ceux qui ne le peuvent pas. »  Avec cette pratique longtemps désapprouvée et quasiment disparue à cause des pensionnats, il s’agit pour Shina de continuer à faire vivre sa culture.  

Shina crée aussi du contenu sur la gastronomie et la mode de sa culture.  

Elisapie Isaac 

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Chanteuse trilingue (anglais, français et inuktitut), Elisapie est un phénomène de la scène musicale canadienne.Elle est née et a grandi à Salluit, Nunavik, avant de déménager à Montréal. Elisapie Isaac utilise la musique pour sensibiliser les gens à la culture inuite.  

Dans son adolescence, Elisapie était la chanteuse principale du groupe de musique folk Sallait Band. En 2004, son premier album a reçu le prix Juno. 

Elisapie s’adresse désormais à un public international. En 2010, elle fait partie d’un groupe Jeune Artiste, avec de grands noms de la musique comme Justin Bieber et Avril Lavigne. Sa diversité musicale a donné lieu à la sortie de trois autres albums solo folk et électro, avec des chansons en anglais, français et inuktitut. Elle signe des succès comme The Ballad of the Runaway Girl (2018). 

Elisapie sort à présent un nouvel album, Inuktitut. Les chansons sont des reprises en langue autochtone de grands succès de groupes connus comme Led Zeppelin, Fleetwood Mac et Cyndi Lauper ! Radio Canada a commenté : « Elisapie propose en cette Journée nationale des peuples autochtones une autre reprise en inuktitut, The Unforgiven, un classique de Metallica rebaptisé pour l’occasion Isumagijunnaitaungituq ».  

Joséphine Bacon 

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Née en 1947, Joséphine Bacon est une innue de la communauté de Pessamit qui fait entendre les voix des peuples autochtones. Elle a commencé en 2009 avec le poème Bâtons a message / Tshissinuatshitakana. Ses poèmes sont écrits dans ses deux langues: le français, qu’elle a appris au pensionnat, et l’innu-aimun – sa langue maternelle et son inspiration.  

Joséphine Bacon fait revivre dans ses poèmes des mots innu-aimun qui risquent d’être oubliés. Démontrant sa fidélité à sa culture, Joséphine a fait le tour de plusieurs communautés innues pour initier les enfants à l’écriture poétique, et transmettre aux jeunes les traditions. Elle est devenue la porte-parole de sa communauté. Dans le portrait documentaire qui lui est consacré, « Je m’appelle humain » (2020), une de ses amies lui dit : « J’aime beaucoup entendre ta poésie. […] Tu m’amènes dans les mots que tu dis. Je te comprends. » 

Elle affirme qu’elle n’est pas poète, que ce sont les poèmes qui viennent la trouver. « La poésie, pour moi, c’est […] des moments intimes, comme maintenant, où tu retournes dans ton âme et puis tu laisses parler l’âme, et puis tu écris après », explique Bacon dans « Je m’appelle humain »

Bacon a reçu plusieurs prix: Prix des lectures du Marché de la poésie de Montréal pour Dessine-moi l’arbre (2010), Prix littéraires du Gouverneur général pour Un thé dans la toundra / Nipishapui nete mushuat (2014), Prix des libraires pour Uiesh / Quelque part (2019).  

Ces quatre femmes influentes représentent la fierté des cultures autochtones en cette journée de la vérité et de la réconciliation au Canada. 

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