L’Immersion Française, un programme en difficulté? 

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Le programme d’Immersion Française au Canada fait face à des critiques.  Les coupes budgétaires sont en cause. Mais le programme présente également des disfonctionnements structurels qui compromettent son avenir. 

Le conseil scolaire du district de Toronto a proposé des réductions dans les transports et le financement pour les écoles d’Immersion Française. Ces décisions auront un impact négatif sur le nombre d’inscriptions. Actuellement 500,000 enfants sont inscrits dans le programme d’Immersion Française à travers le pays, dont 12.8% en Ontario, d’après Radio-Canada

 Cependant, la politique budgétaire provinciale n’est pas la seule responsable des difficultés du programme d’immersion. Les témoignages anonymes d’enseignants dans le programme d’Immersion française s’accordent pour dénoncer les failles du système. 

Un enseignant exprime sa déception dans une entrevue avec The Cord : 

« J’ai travaillé avec de nombreux professeurs de français dans deux écoles primaires canadiennes qui ne parlent pas français. Bien sûr, il y a une pénurie, mais il n’existe pas de système en place pour garantir que les professeurs de français parlent, lisent et écrivent réellement le français avec compétence. »                                                                                

Au manque de formation des enseignants s’ajoute un soutien insuffisant aux élèves ayant des troubles d’apprentissage. On constate que la plupart des programmes d’Immersion Française n’offrent aucune garantie d’accessibilité.                                                                                                     

Radio-Canada dénonce « un manque de ressources disponibles pour les élèves qui ont des besoins spéciaux ».  

Par conséquent, les parents d’élèves doivent chercher de l’aide eux-mêmes. Ils engagent des tuteurs ou bien se découragent et retirent leurs enfants du programme, car les programmes anglophones disposent souvent de plus de ressources pour les élèves ayant des besoins particuliers. 

Cette situation a des répercussions sur le corps enseignant. Les niveaux de salaires sont insuffisants et la qualité du programme repose bien souvent sur la bonne volonté des enseignants. Interrogé au sujet de sa motivation, un second enseignant témoigne : 

 « Dans mon humble position, [l’enseignement] me permet d’aider les gens parce que mon but est d’être professeur de lycée, pas pour une raison particulière en dehors d’être là pour les élèves de ce niveau qui traversent la puberté ou d’autres difficultés, si je peux ou s’ils veulent donner un coup de main. Mon objectif est donc de guider ou de soutenir en dehors de la classe de français », explique un enseignant. 

Une autre enseignante nous confie : 

« J’enseigne le français, car j’adore son système linguistique, sa culture. C’est une langue parlée autour du monde. » 

 Dans certains cas, l’Immersion a donc tenu ses promesses, malgré les difficultés. D’anciens élèves témoignent de leur parcours : 

 « L’expérience du secondaire a été difficile parce qu’il n’y avait pas beaucoup de français enseigné là-bas. Un seul cours optionnel de français a été offert au cours de l’année scolaire, alors j’ai fini par apprendre le français pendant le cours d’histoire. À un moment donné, j’ai pu écrire en français sans avoir besoin de traduire d’abord dans ma tête puis sur papier. » 

Mais les compétences acquises sont très variables d’un établissement à l’autre et présentent un déséquilibre entre l’écrit et l’oral. 

« Cela m’a aidé à acquérir une très bonne maîtrise du français à l’écoute et à l’expression orale, mais mes compétences écrites étaient un peu ternes. Curieusement, il m’a fallu aller dans une école anglaise et suivre des cours de français réguliers […] pour pouvoir travailler et améliorer mes compétences en écriture », explique un autre étudiant interrogé par The Cord. 

« Un bilan en demi-teinte », pour Radio Canada qui constate que le bilinguisme est encore un horizon lointain à atteindre au pays. 

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