Enseigner le Français en Ontario : du travail assuré mais une transition difficile pour les nouveaux diplômés

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En Ontario depuis cinq ans, il y a une pénurie de professeurs pour le programme d’Immersion Française. Les nouveaux diplômés sont assurés de trouver du travail mais cela ne facilite pas pour autant leur entrée dans la vie professionnelle. Du statut d’étudiant à celui d’enseignant, il y a un cap pas toujours facile à franchir.  

Deux diplômées du programme de Langues et Littératures à Laurier, Alyssa Hines et Christine Henstridge, enseignent actuellement en Immersion Française. Elles nous parlent des défis de leur début de carrière. 

En Ontario, il y a actuellement une pénurie d’enseignants qualifiés pour enseigner le Français. Par conséquent, un diplôme en enseignement du Français langue seconde offre un avantage pour obtenir un travail permanent dans l’enseignement en Ontario.  

Face au déficit d’enseignants qualifiés, les nouveaux diplômés doivent répondre aux besoins croissants des établissements.  

« C’est la raison pour laquelle j’enseigne la cinquième, la sixième, la septième et la huitième année. Donc, le manque de professeurs qui sont capables de parler effectivement français, ça pose un grand problème pour les autres parce que ça nous donne plus de travail, donc c’est difficile, » explique Hines.  

Quand Hines est allée au collège des professeurs à l’OISE, ce n’était qu’un programme d’un an. Elle estime que le programme de deux ans n’est pas nécessaire, car il ne prépare pas complètement les futurs enseignants.  

« Je ne pense pas que notre éducation au collège de prof nous prépare assez […] ça ne parle pas assez à propos de comment être avec les enfants, comment faire de la discipline, ce qu’on peut faire pour encourager les élèves à montrer le travail à leurs parents » dit Hines. Selon elle, ce sont les stages qui ont été les plus formateurs.  

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Henstridge a suivi le programme d’éducation à Brock qui, selon elle, était une bonne expérience.  

«C’était intéressant parce qu’il y a un mélange des stages et aussi des cours. Tu apprends des choses dans les cours, mais ce n’est pas exactement comme ça se passe dans la réalité pendant les stages. Alors, je pense que les cours sont très informatifs, mais l’expérience la plus utile, c’est dans les stages, » dit Henstridge.  

Ce n’est qu’une fois sur le terrain que les jeunes enseignants vont mettre en œuvre ce qu’ils ont appris et se forger leurs propres stratégies. 

Mais la formation continue, même quand on a commencé à travailler. Pour enseigner le français, il faut continuer à pratiquer la langue dans sa vie quotidienne. Hines insiste sur le développement personnel. 

« Continue, continue, continue avec le français. Écoute de la musique, regarde la télé et les films. Essaie de toujours améliorer ton langage. » 

Il faut aussi s’attendre à emporter à la maison les émotions ressenties au travail. Si on ne fait pas attention, on peut se sentir préoccupé par ses élèves tout le temps. « Conserver un équilibre entre travail et vie personnelle, c’est très très important, spécialement dans notre profession, parce que c’est une profession où on s’attache aux enfants et à leurs émotions » constate Hines. 

De son côté, Henstridge souligne l’importance de l’expérience qui permet de continuer à apprendre, y compris en faisant des erreurs. Une fois sur le terrain, on est exposé à des situations inédites et on doit résoudre des problèmes seuls. Pour cela les stages sont parfaits ! Quand on enseigne, il y a des bons et des mauvais jours.  

« Le moment où un élève va dire : ah oui, je comprends maintenant, cela efface tous les mauvais jours et je retrouve le sourire. Aujourd’hui j’ai permis à un élève de progresser. Dans ce domaine, ce sont les petits pas qui comptent. Même s’ils portent des masques tu peux voir leurs yeux briller, » dit Henstridge. 

Lire aussi: Des centaines d’élèves privés d’éducation de langue française en Ontario

Teaching French in Ontario: an assured job but a difficult transition for new graduates

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For the past five years in Ontario, there has been a shortage of teachers for the French Immersion program. New graduates are sure to find work, but that does not make their entry into professional life any easier. From the status of student to the status of teacher, there is a course that is not always easy to cross. 

Two graduates of the Languages and Literature program at Laurier, Alyssa Hines and Christine Henstridge, are currently teaching French Immersion. They shared the challenges they had to face as new professionals.  

In Ontario, there is currently a shortage of teachers qualified to teach French. Therefore, a diploma in teaching French as a second language offers an advantage in obtaining a permanent teaching job in Ontario.  

Faced with the shortage of qualified teachers, new graduates must meet the growing needs of institutions.  

“That’s the reason that I teach the fifth, sixth, seventh and eighth grades. So, the lack of teachers who are capable of effectively speaking French, that poses a big problem for the others because that gives us more work, so it’s difficult,” Hines explained. 

When Hines went to teacher’s college at OISE, it was only a one-year program. She believes that the two-year program is not necessary, because it doesn’t completely prepare future teachers.  

“I don’t think that our education at teacher’s college prepared us enough. It didn’t talk enough about how to be with children, how to discipline, what you can do to encourage the students to show their work to their parents,” Hines said. In her experience, the internships were the most informative.

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Henstridge went through the education program at Brock, which she said was a good experience.  

“It was interesting because there is a mix of internships and classes. You learn things in classes, but that’s not exactly how it happens in reality during the internships. So, I think the classes are very informative, but the best experiences happen during the internships,” Henstridge said. 

Once in the classroom, facing their own students, teachers can implement what they learned and create their own strategies. 

But the training continues, even after you start working. To teach French, one has to keep practicing the language on a daily basis.  

“Continue, continue, continue with French. Listen to music, watch television and films. Try to always improve your language,” Hines advised.  

One must also be prepared that the emotions felt at work can also follow them home. It is difficult not to feel concerned about your students all the time. “Having a work-life balance is very, very important, especially in this profession, because it is a profession where you get attached to your students and their emotions,” Hines said. 

On the other hand, Henstridge highlights the importance of experience that allows one to continue learning, including making mistakes. Once in charge, one is exposed to new situations and has to solve those problems alone. The placements are perfect for this! When one teaches, there are both good and bad days.  

“The moment that a student will say ‘Ah yes, I understand now,’ this erases all the other bad days and I smile again. Today I’ve allowed a student to progress. In this field, it’s the small steps that count. Even though they’re wearing masks, you can still see their eyes smiling,” Henstridge said. 

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